☆ this is survival of the fittest.

01. « Au fait, t'as quel âge Candy ? » Mauvaise question, mauvais moment. Un instant silencieux suivi cette question, la brune tenta alors de fermer les yeux, espérant que l'homme allongé nu à côté d'elle penserait qu'elle dormait et s'en irait. Après plusieurs secondes, Bambi ouvrit un œil. Il était encore là. Malheur. « Je sais pas. » répondit-elle, sans réellement se rendre compte des mots qui sortaient. Inconsciente de la connerie qu'elle venait de dire, elle compléta néanmoins sa phrase. « Et moi c'est Bambi. » Intrigué par sa réponse... intrigante, l'homme tourna son visage vers elle, un sourcil relevé. Tirant les draps blanc vers elle afin de cacher sa poitrine, elle adopta soudainement un air innocent. « Comment ça, tu sais pas ? » Elle détourna le regard, se rendant compte de sa bêtise. Mais chose était faite, il lui était impossible de revenir en arrière. Et même si elle aurait pu, après l'heure qu'ils venaient de passer, entremêlant leurs corps, elle n'aurait même pas souhaité revenir en arrière. « Landy... » Piquée par le fait qu'il n'arrivait pas à retenir son nom, elle trouva le moyen de s'énerver et de détourner le problème. « C'EST BAM-BI. Puis où t'as vu que le prénom Landy existait ? » Elle se leva brutalement, entraînant avec elle la couverture qu'elle entoura autour de son corps, laissant l'homme en caleçon. Elle jeta un coup d’œil, curieux, vérifiant que la marchandise n'avait pas changé entre temps. Satisfaite, elle leva un sourcil et fit un nœud avec la couverture afin de s'aider de ses deux mains pour s'attacher les cheveux. « Tu veux un truc à boire ? J'ai des bières au frais. » dit-elle, s'éloignant petit à petit de la chambre. « Euh, ouais, j'veux bien une bière. » répondit d'une voix haute l'homme, distrait par son fouinage digne des experts. En effet, ce dernier ouvrit le tiroir du chevet. Rien, mis à part quelques photos, des préservatifs et quelques bijoux. Il changea de côté. Du maquillage, des clopes (et pas que). Il se leva alors, frissonnant au contact de l'air frais sur sa peau. D'une main vive, il attrape le sac à main de Bambi afin de l'ouvrir et d'en sortir le porte-feuille de la demoiselle. Sa carte d'identité ne fut pas difficile à trouver, au milieu des cartes fidélités des magasins. « J'ai plus de verres alors tu vas devoir boire à la bouteille. » L'homme s'empressa de ranger le porte-feuille et de jeter le sac sous le lit. Bambi entra dans la chambre, la bière à la main et se rallongea en lui tendant. « Attends... t'as 10 ans de moins que moi. » Déstabilisée, la brunette se redressa et posa la bière sur la table de chevet. « Pourquoi tu me l'as pas dit avant ?! » Face au ton violent de son interlocuteur, la demoiselle se braqua immédiatement et l'observa d'un regard des plus froids. « Qu'est-ce que ça peut te foutre ?! Tu comptais prendre un verre avec moi après ?! Parce que moi pas. On couche ensemble, tu bois une bière, tu fumes une clope, tu te casses et on se revoit plus. C'est le deal ! » Lui tournant le dos, le trentenaire remettait avec hâte ses vêtements. Il trouva néanmoins le souffle suffisant pour lui répondre. Et visiblement vexé par les propos de la demoiselle, il se braqua lui aussi. « Non, j'comptais pas prendre un verre avec toi après. Et encore moins maintenant, tu dois pas être assez mature pour tenir une conversation intéressante. » Rhabillé, le brun attrapa sa veste en cuir marron d'une poignée ferme et se leva. Sans dire un mot et ne laissa même pas à Bambi le temps de répliquer, il traversa l'appartement et se permit de claquer la porte derrière lui. Assise dans son lit, adossée contre le mur blanc, la jeune Ducharnes attrapa la bière et en but plusieurs gorgées.

02. Assise au comptoir du bar où elle travaillait, un verre de scotch à la main, le regard vide, Bambi paraissait bien mal en point. Les photos de sa mère sur lesquelles elle était tombée dans la journée avaient suffis pour que le visage de sa chère mère envahisse ses pensées.  « Bambi. » Une main se posa sur le comptoir, dans son champs de vision. Elle sursauta légèrement et releva son regard sur Octaz, qui, entre temps, s'était assis à ses côtés et l'observait maintenant avec un sourire amical. Surprise par cette rencontre inattendue, Bambi se tourna sur son siège, faisant face maintenant à la rangée de bouteilles. Elle avala une gorgée de son verre.  « C'est bien, tu t'es souvenu de mon nom. Pas de mon âge visiblement. » Elle le jaugea d'un air méprisant, s'appliquant à faire tourner délicatement son verre dans sa main. Sa remarque fit sourire le trentenaire. Ce dernier se tourne face au barman et commanda un verre, lui aussi. Mais il fut rapidement interrompu. « Non. Je t'ai dis que je ne voulais pas prendre de verre avec toi. Alors je prend le mien de mon côté, et tu pourras prendre le tien lorsque j'aurais terminé. » Ne sachant quoi répondre, il se contenta de sourire avec amusement. La demoiselle ne put s'empêcher de jeter un regard à ses lèvres qui l'avaient tant tentées quelques jours avant et dont elle s'était emparée avec fougue. « Tu sais, j'me disais que pour faire ce dont on a tous les deux envie d'faire, on a pas forcément besoin de tenir une conversation intéressante... » Bambi afficha un sourir victorieux, abandonnant son air je m'en foutiste pour se retourner vers le brun, fière. Elle termina son verre d'un trait et le posa délicatement. « Donc t'es entrain d'me dire que tu serais capable de foutre en l'air tes principes, seulement pour coucher avec moi ? » Octaz baissa ses yeux, l'espace d'un instant, se sentant écrasé par la puissance féminine émanant de la jeune femme. Mais il n'eut pas le temps de répondre que Bambi s'était déjà retournée, ne le regardant même plus. « Ça veut surement dire que tu n'es pas un homme de valeur ou de parole. J'côtoie pas ce genre de personne, désolée. » La tension et l'attirance entre eux plainaient dans l'air aussi discrètement qu'on cochon ailé. Un silence s'installa et bien qu'ils ne se regardaient pas, ils n'avaient qu'une envie, se sauter dessus. « Eh Bambi ! Remets-toi au boulot ! » Refroidie par la voix stridente de son patron, la demoiselle accrocha son regard à celui de nouveau partenaire de jeu. Ils n'eurent même pas besoin d'utiliser le langage courant pour se faire comprendre. Après le service de la demoiselle, Otaz l'attendait dehors et pour la deuxième fois, leur soirée s'est terminée dans le même lit.

03. « Tu vois que ta mère a des bons goûts. » La mère et la jeune adolescente sortirent en rigolant du magasin, après la remarque de la plus vieille des deux. Bambi était dans l'âge bête, elle avait donc tendance à penser que sa mère était le dernier des dinosaures encore en vie. Mais cette après-midi shopping lui avait soudainement fait changer d'avis. C'est avec un grand sourire aux lèvres qu'elles rentrèrent dans la voiture. Les sacs à l'arrière, Bambi à l'avant et maman au volant, nous savons tous qu'il n'est pas bon de ne mettre que des femmes dans une voiture. « Alors ? Avec ce garçon là ? Eden ? » demanda la mère avec une curiosité sournoise, les yeux pointés discrètement vers sa fille. « Maman ! » hurla la belle pré-pubère, observant d'un air indigné sa mère. Lorsque cette dernière étouffa un rire, Bambi ne put s'empêcher de rire, elle aussi. « C'est terminé. » Il n'y eut même pas un semblant de tristesse dans le regard de la jeune demoiselle qui avait bien l'habitude de prononcer ces deux mots, malgré son très jeune âge. « Oh, ma chérie... Il t'a fait du mal ? Les garçons sont tous comme ça tu sais... » La petite brunette arrêta sa mère d'un geste négatif de la tête, faisant balancer ses cheveux noirs de gauche à droite. « C'est pas lui m'man. C'est moi. J'étais pas amoureuse. » Intriguée par la réponse de sa fille, la mère tourna complètement sa tête vers elle, les sourcils froncés. La suite se déroule très rapidement, trop. Bambi qui elle, regardait toujours devant, hurla de peur. Le visage de sa mère se tourna rapidement et ses mains se crispèrent rapidement sur le volant. Elle n'eut le temps que de donner un violent coup pour tourner à droite, ce qui mena la voiture directement dans une des voitures garées sur le trottoire. L'accident s'étant déroulé très rapidement, la voiture de derrière n'eut pas le temps de freiner et défonça l'arrière de l'automobile des Ducharnes.
Lorsque la jeune fille de 14 ans se réveilla, elle fut d'abord éblouie par une lumière blanche très puissante causée par les murs de sa chambre d'hôpital. Ce réveil ne concerna que son corps. Elle émergea réellement lorsque, quelques minutes après, un médecin venait lui annoncer la mort de sa mère.

04. Avec sournoiserie, la petit brunette s'échappa du regard de son père, fuyant la longue discussion qu'ils auraient dû avoir sur ses problèmes scolaires. En effet, la demoiselle avait beaucoup de mal à rester obéissante et à respecter chaque professeur. Encore au jour d'aujourd'hui, Bambi ne supporte pas lorsque quelqu'un lui donne un ordre. Et malgré ses notes exemplaires, ses problèmes de discipline et son irrespect lui attiraient pas mal de problèmes. Contrairement à elle, son frère lui, était bien plus mature. Et à cette heure-ci, il faisait surement ses devoirs. Elle grimpa donc silencieusement les marches de l'escalier et se dirigea à pas de chat vers la porte de la chambre de son frère. Etant une petite fille très active mais surtout très enquiquinante, son frère était sa première cible. Elle ouvrit alors la porte discrètement et tâcha d'être la plus silencieuse possible. « Bambi... je suis occupé. » Elle ne tint pas compte des propos de son frère et s'avança vers lui, assis devant son bureau. « C'est quoi ? » Impatient, Andrew souffla, exaspéré par le caractère indomptable de sa petite soeur. « Pas des choses pour toi. » répondit-il, agacé. Stressé par le regard fixe de Bambi, il posa son stylo et se tourna vers elle, restant assis. « Qu'est-ce que tu veux? » C'est en levant les yeux au ciel que la petite fille de 10 ans haussa les épaules. « J'sais pas... j'm'ennuie. Et quand je m'ennuie je viens te voir. » Elle se pencha sur les devoirs de son frère, et tenta de lire bien qu'elle savait déjà qu'elle n'y comprendrait rien. « Bambi ! » La voix enrayée de son père visiblement énervé la fit redresser la tête. « Oops. » Elle sourit, presque fière d'elle, adoptant l'air insupportable d'une petite fille innocente. « T'as fais quoi encore? » Elle observa son grand-frère avec de grands yeux et se dirigea vers la porte, ne voulant pas provoquer plus son père. « J'aime pas beaucoup l'école. Et les adultes aiment pas ça. » Dit-elle, tournant le dos à Andrew, avant de sortir.