(marloes) life goes on

« Grouille Ma' ». cria Abi, deux mètres plus loin. Ce soir, toute la bande avait décidé d'aller à la fête foraine. Les yeux grand ouvert la jeune femme renfonça une pièce dans la machine et tenta une nouvelle tentative.« C'est comme les choix de films. C'est super important. » Roulant des yeux comme à son habitude le jeune homme débita exaspéré : « Et en quoi un bracelet en tissus, gagné dans une fête foraine, dans une machine qui ne veut que tes sous peut être important ? » Offusquée, Marloes tourna la tête vers lui et le vit sourire amusé par sa tête. « Tu mériterais d'être damné ! » Levant les mains en l'air il leva les yeux au ciel et ria. « Amen..» Abandonnant sa machine l'espace d'une seconde, elle le frappa gentiment puis s'y remit. Elle avait bien conscience qu'Abi l'attendait plus loin et que les autres étaient prêt à partir, mais c'était très important pour elle. « C'est un bracelet porte bonheur. Le jour où il se cassera je n'aurais plus qu'à exaucer un vœu. J'en aurais bien besoin en ce moment. » Posé contre la machine, il la regarda échouer encore une fois et souria à son air vaincu. D'une petite moue sur les lèvres la jeune femme déposa son front contre la machine. « C'est okay, j'abandonne.». Son meilleur ami vint alors se placer à ses côtés et déposa un baiser sur sa tempe.« Dis toi que le plus grand porte bonheur que tu puisses avoir c'est moi. » Rigolant, Marloes releva la tête puis s'avança près des toilettes. « Si tu crois que c'est réconfortant.» Rapidement elle disparu de son champ de vision et le jeune homme en profita pour prendre place devant la machine. Quelques minutes plus tard lorsqu’elle revint vers lui et l’aperçu un large sourire aux lèvres, elle prit peur. « Retire ce sourire Satan. Que me veux-tu ? » Faussement offusqué, il sortit le bracelet et le plaça autour de son poignet. « Bien.. J’avais l’intention de le donner à une fille complètement désespérée mais il semblerait qu’elle ait retrouvé ce démon qui vit en elle. Donc... » Souriant innocemment, la jeune femme fit ses yeux de chien battu puis reprit son air diabolique face à l’hésitation de son ami : « Tu sais que je peux être encore plus horrible. Ce n’est pas une menace, juste un avertissement. » ajouta –telle en haussant un sourcil. Riant à ses fausses menaces, il récupéra doucement le fin poignet de la jeune femme et le lui noua. « Ton vœu aura intérêt de me concerner Lawrence. »



Assise au comptoir, un verre de téquila entre les mains, elle hésite. Elle ne sait rien faire d’autre. Toute décision donne naissance à une hésitation. Tous les soirs depuis un peu plus de trois mois, elle se retrouve ici, sur ce même siège, devant ce même verre. Ces derniers temps, sa vie n’est qu’un brouillard épais, qu’elle n’arrive pas à traverser. Elle n’arrive plus à trouver la lumière qui donne un sens à la vie. Sa vie n’a plus aucun sens. Elle se sent seule, perdue, sans direction. La vie se résume-t-elle vraiment à ça ? On vit, on meurt. Point. Tout ce qui passe entre ses deux dates a-t-elle une réelle importance ? Marloes sait où elle est nait. Ici même à Brooklyn. Elle a grandit dans ces mêmes rues, qui aujourd’hui, sont les témoins de sa descente aux enfers. Elle n’a jamais quitté cette ville, malgré son envie de découvrir le monde. La vie ne lui a pas laissé la chance de découvrir le monde. La vie ou plutôt le cancer de sa mère, la seule personne qui avait une quelconque importance pour elle. Marloes se souvient à peine de son père. Sa mère a été son unique modèle, son unique appui durant toute sa vie. Et maintenant, elle était partie et Marlo se retrouvait seule. Certes, il y avait son grand frère, qui s'occupait d'elle, mais Marloes voyait bien qu'elle gênait dans le tableau parfait qu'était sa vie. D’une traite, elle descendit sa téquila, pour inhiber la douleur qui s’immisçait doucement, mais très certainement dans sa tête. Elle y préférait la chaleur de l’alcool.  Elle avait tout essayé pour sourire de nouveau, mais tout semblait faux. Même cette soirée. Elle voyait les gens s’amuser autour d’elle, danser, flirter. Une bande de garçons riait à une blague grasse qu’un des leurs avait fait et même ça lui semblait faux. Ces derniers temps, tout tournait au ralenti. Son cœur était engourdi et elle ne ressentait plus rien. « Je t’offre un verre ma jolie ? » Marloes releva la tête, le regarda quelques secondes. Même les répliques cinglantes dont elle était l’experte ne venaient plus à elle. « Elle est déjà prise. » Marloes, elle essaye. Elle essaye très fort de repousser les gens qui comptent pour elle. Elle ne se rend pas réellement compte qu'elle a besoin d'eux, qu'elle a besoin d'elles, qu'elle a besoin de lui. Elle pense que la solitude est la meilleure des réponses pour le moment. Alors, elle ne lui dit rien, ne lui offre pas même un sourire. Elle se contente de poser son regard sur son verre. Ca ne résoudra pas ses problèmes, mais pendant l’espace de quelques instants, quand l’alcool glissait dans sa gorge, elle ressentait quelque chose. Une once de vie.