La tragédie de ce monde est que personne n'est heureux qu'il connaisse la peine ou la joie - ESHA

✣ YOU MAKE ME GLOW BUT I COVER UP WON'T LET IT SHOW

L’amour. Le but ultime qu’on recherche tous. On nait de l’amour d’un homme et d’une femme. Vrai ou faux. On grandit à l’intérieur de cet amour parental. Puis à notre tous on part à sa recherche. Notre modèle et nos illusions se base sur ce que l’on connaît, ce que l’on sait palpable, à savoir ce qui unit nos parents. Un bonheur sans faille nous conforte dans l’idée que l’amour est magique, mais un amour défaillant nous plonge dans la tourmente. La famille Sullivan est l’exemple même d’un amour passionnel qui a fini par s’éteindre. Ça ne se contrôle pas, c’est ainsi. Les sentiments s’efface, disparaissent complètement et on recommence… avec une autre personne. C’est le cycle de la vie qui veut ça. Quelques rares individus ont la chance de voir leur amour continué de bruler, continué d’exister. Et c’est ce petit espoir, cette rareté qui nous pousse à croire que tout est encore possible. C’est l’espoir qui nous fait vivre. C’est l’espoir qui fait tourner le monde.

« Une danseuse de cabaret et un homme d’affaire international. Une rencontre. Un regard. Et ce fut instantanément un coup de foudre. Elle vivait en Indonésie, dans un petit village. Lui à New York aux Etats-Unis. Deux continents. Deux styles de vie. Tous les opposaient mais l’attraction était plus forte que les différences. Il était donc logique que leur couple soit différent lui aussi. Ils s’aimaient à distance et chaque retrouvaille était plus intense, plus passionnelle. Un amour sincère donna naissance à une petite fille du nom de Kalesha Laika ». Voilà le conte de fée dans lequel la jeune femme est né. L’histoire que sa mère lui contait avant de s’endormir. Son père n’était pas souvent présent, alors ce récit elle le chérissait. Elle en rêvait. A chacun de ses retours en Indonésie, les moments passés tous ensemble étaient ce qu’elle affectionnait le plus. Parce qu’ils étaient une famille. Une famille non conventionnelle. Mais une famille. Seulement un amour si pur et si foudroyant ne pouvait durer éternellement. C’est ce que la vie lui avait appris. Ils ont réussis à le faire tenir douze ans de cette façon. Douze ans, avant que les deux femmes ne finissent par le rejoindre à New York. La raison de ce soudain départ ? Un séisme, d’une forte magnitude. Aucune perte humaine mais des dégâts matériels important étaient à déployer. Leur maison. Leurs affaires personnelles. Leur souvenir. Tout avait été détruit sous leurs yeux pendant qu’elles courraient, comme pour toutes les personnes qui vivaient là. Il fallait tout reprendre à zéro, alors pourquoi ne pas le faire à NY ? Pourquoi ne pas être une vraie famille ?

New York. Ça n’avait absolument rien à voir avec ce qu’Esha avait connu. Mais il y avait tellement d’opportunité, tellement de chose à voir et à faire. Il y en avait pour toute une vie. Si l’adaptation fut quelque peu difficile, les deux étrangères finirent par s’intégrer. Esha reprit l’école, sa mère trouva un emploi et la vie à trois commença. Seulement la routine s’installa et la passion ne fut plus. Il n’y avait plus d’aventure juste un quotidien devenant de plus en plus banal. L’amour se transforma en reproche. Au début ce fut de simple dispute, comme dans la plupart des couples, mais peu à peu ces reproches prirent le pas sur leurs sentiments et le quotidien rima avec les disputes. Esha était impuissante, une spectatrice dans la destruction de sa famille. Que pouvait-elle faire à douze ans ? Si en journée tout le monde était pris par ses occupations et le travail, la soirée avec le repas familial était le lieu propice aux échanges et insultes. La jeune fille passait alors la plupart de ses soirées, l’oreiller sur la tête, étouffant les cris qu’elle entendait. Elle fermait les yeux et se laissait porter par ses rêves. Ses rêves du passé, où leur famille était ce qu’elle avait de plus chère. Mais peu à peu l’oreiller devint inutile. Elle s’accommodait de ce qui passait. C’était son quotidien. Si bien qu’elle ne pensait plus à ce que leur famille avait pu être. Ce n’était plus qu’un rêve que la réalité avait avalé. S’apitoyer sur son sort n’y changerai rien. Il fallait juste tourner la page… Même si ça n’avait rien de facile. Les deux dernières années passées sur le territoire américain avaient effacés leurs quatorze années de bonheur et d’amour passionnel à distance. Leur conte de fée ne se termina donc pas sur une note joyeuse avec la fameuse phrase « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfant », mais par un divorce.

A présent elles n’étaient plus que deux. L’amour que sa mère portait à son père avait été inconditionnel, mais celui de ce dernier c’était évanoui. Après tout, il était bien plus facile de vivre un amour à distance que de le partager au quotidien. En reniant cette femme qu’il avait aimé jadis, il avait également renié sa fille. Elle avait ses gènes, mais de là à s’appeler un père ?! Il ne la connaissait pas ou ne la connaissait plus. Et la question d’une garde partagée ne se posa même pas. Il désirait retrouver son indépendance. Enfin c’était ce qu’elle pensait, sinon pourquoi ne pas se battre pour son enfant ? Esha avait 14 ans et ce géniteur n’avaient partagé que deux voire trois ans en cumulant ses séjours en Indonésie. Sa famille c’était sa mère. Au final il n’avait eu qu’elles et il n’y aurait toujours qu’elles. Seulement la vie dans cette ville était devenue bien trop élevée pour elles. Pas de toit sous la tête, pas de plan épargne. Juste quelques billets mis de côté qui servirent à acheter une vieille voiture. Elles en vinrent alors à s'installer dans un quartier moins riche de NY, Brooklyn. Sa mère trouva un emploi de serveuse dans le café juste en bas de l’immeuble, tandis qu’Esha fut inscrite au lycée de du quartier. Cette vie était loin aussi « riche » que celle auprès de son père, mais même si l’argent n’était plus le même, elle était heureuse et avait retrouvé le sourire.  Ce nouveau départ était le bon. Et qui dit nouvelle vie, dit nouveaux amis. Sa vie pouvait enfin vraiment commencer. Cependant, peu importe la ville ou même le pays dans lequel elle se trouvait, elle avait toujours la même passion pour la gymnastique. Souple et patiente, elle se révélait vraiment dans ce domaine. Tout comme dans la danse. Son point commun avec sa mère. Elle ressentait le besoin de s’amuser au son de la musique et de vider son esprit en laissant s’exprimer son corps. Surement comme la plupart des jeunes de son âge, mais pour elle c’était bien plus. C’était son sas de décompression. Sa bulle d’air. Le moment où elle était vraiment elle-même. Le temps passa et elle finit par se retrouver plus en boite de nuit avec ses amis que dans la salle de gymnastique avec ses co-équipières. Bonne vivante, c’était là tout son univers. Elle avait des projets, de nouveaux rêves.

Suite à son passé aux pays-bas, aux rencontres faites, elle avait naturellement choisis la voie de la médecine comme orientation professionnelle. Loin d’avoir le projet d’être une chirurgienne reconnue comme la plupart des autres étudiants, elle aspirait simplement à devenir un médecin mettant ses services auprès des démunis. Ouvrir son cabinet en permettant l’accès à tous ou encore devenir médecin sans frontière. Elle n’avait pas encore réfléchis exactement, mais elle savait quelle direction elle désirait suivre. Elle se consacrait avant tout sur ses études, sortant moins et se refermant sur elle-même surement. Elle devait d’ailleurs passer bien plus de temps à bibliothèque que chez elle. Mais quand on a un but dans la vie, on doit se donner tous les moyens pour y parvenir. Et c’était exactement ce qu’elle faisait. Cependant elle n’en oubliait pas pour autant ses amis et n’hésitait pas à les retrouver dès que l’occasion s’en présentait, que ce soit pour du sport ou pour aller boire un verre. C’est d’ailleurs en suivant un programme de musculation avec le campus, qu’elle rencontra Mads, de son vrai nom Maddox. Un coach sportif à qui elle avait tapé dans l’œil. Elle le revit à plusieurs autres occasions et si lui, lui tournait autour, elle ne recherchait pas une relation. Il dû insister des semaines, qui amenèrent à des mois avant qu’elle ne daigne accepter un rendez-vous. Un rendez-vous qu’elle dû annuler au dernier moment sans donner la moindre explication. Un appel de l’hôpital l’obligea à annuler ses plans. Si dans un premier temps, elle pensa à une réponse concernant sa demande d’internat, il en fut tout autre. Sa mère venait d’y être admise en urgence. Elle n’en comprit pas davantage, le nom de sa mère associé aux urgences créant un blocage psychologique. Sa mère c’était sa priorité. On ne se détournait pas de sa famille et à présent, il ne lui restait plus qu’elle. Elle qui se démenait au boulot pour pouvoir offrir à Esha une meilleure vie, quitte à mettre sa propre vie entre parenthèse. Toutes les mères ne l’auraient pas fait et la jeune demoiselle mesurait la chance qu’elle avait. Seulement tout allait devoir s’arrêter là, tout allait changer.

Son admission à l’hôpital fut suite à un malaise pendant son service dans le café où elle travaillait. Et le pronostic avait été sans appel. Sa mère avait une tumeur cérébrale et les métastases c’étaient généralisées. La masse dans son cerveau était trop importante pour permettre une opération, sans causer la mort du patient. A ce stade il n’y avait plus grand-chose à faire, si ce n’est commencer un traitement pour la soulager. Chimio. Rayon. Morphine. Opération. Tout pour que la douleur soit moins oppressante. Elle dut abandonner son travail. Et sans argent tout se compliquait. Bien que difficile, la solution fut simple. Esha abandonna ses études et reprit le poste de sa mère. Sa carrière était loin d’être le plus important. Elle voulait sauver des vies, c’était son but. Il n’y en aurait pas plusieurs mais au moins elle pourrait la sauver elle. Ils disaient qu’il n’y avait pas beaucoup d’espoir, mais elle ne baissait pas les bras pour autant. La médecine faisait des avancées chaque jour. Ou peut-être qu’un des traitements ou qu’un protocole expérimental lui sauverait la vie. Personne ne pouvait le dire. On ne pouvait pas la condamner. Alors peu importe. Sa mère avait mis sa vie de côté pour elle, maintenant elle lui renvoyait l’appareil. Serveuse. Livreuse. Hôtesse de caisse. Chaque petit boulot qu’elle trouvait, elle fonçait. Si pour les regards extérieurs elle gâchait son potentiel, pour elle ce n’était pas le cas. Elle savait pourquoi elle le faisait et c’était tout ce qui comptait. Elle n’aimait pas à avoir à se justifier ou encore à expliquer la situation. Elle ne voulait pas qu’on la prenne en pitié, alors elle se taisait. Puis elle le revit. Mads. Le coach sportif qu’elle avait repoussé. Se sentant seule, triste et perdue, elle finit par lui tomber dans les bras. Elle avait eu besoin de penser à autre chose, se libérer et il avait été là. De fil en aiguille ils se revirent, débutant une relation. Il lui permettait de changer d’air et de tenir bon. Si bien que quand il lui proposa de s’installer avec lui, elle accepta. Les fins de mois étant difficiles entre le traitement de sa mère et le loyer, les deux femmes avaient finit par troquer leur deux pièces contre un studio. Bien trop petit pour y vivre à deux, mais c'était tout ce que leur compte en banque pouvait offrir. Alors la proposition de son petit ami tombait à point nommée.  Et qui plus ait, elle n’avait pas besoin de verser un apport financier puisque Mads payait seul le loyer. Il connaissait sa situation et pour ça, elle appréciait son geste. Seulement le temps passa et il changea de comportement. Il devint plus possessif, plus macho, plus teigneux, plus dur mais surtout plus odieux. Leur relation n’était plus la même. Il avait un pouvoir sur elle. Et c’est en partageant son quotidien qu’elle découvrit qui il était réellement. Mais ne dit-on pas que chaque fille cherche inconsciemment à trouver un conjoint qui ressemble à son père ?

Elle n’avait jamais été amoureuse, Mads lui procurait juste un bien-être en ces temps dur, lui ouvrant un espace de liberté. Mais à présent elle se sentait emprisonnée. Elle n’était pas heureuse mais ne pouvait tout quitter. En restant à ses côté tout l’argent qu’elle gagnait, elle pouvait le donner en intégralité à sa mère. Et n’était-ce pas le plus important ? Ils vivaient cette fausse vie de couple depuis 3 ans maintenant. Seulement en agissant de cette manière elle se perdit elle-même. Se sentant sale, comme une prostituée. Perdant sa confiance en elle, son assurance. Dès les premiers mois de vie commune, elle sut à qui elle avait à faire. Les nuits passer dans le même lit que lui, jouer le jeu de la conjugalité, c’était tout ce qu’elle ne supportait pas. Les personnes de son entourage étaient loin de se douter de ce qu’elle vivait, elle ne pouvait compter que sur elle-même. Elle ne pouvait peut-être pas le quitter, mais elle pouvait faire quelque chose. Un poste de barmaid se libéra dans la boite de nuit du quartier et elle sauta sur l’occasion. Avec l’expérience elle put rajouter hôtesse en club à son CV. Tenue un peu plus sexy lors des soirées à thèmes qui la rendait un peu mal à l’aise. Des remises de cadeaux. Une participation aux shows du club. Devenant même danseuse par moment. Elle renouait avec sa vie d’avant. Le monde de la nuit lui permettait de gagner un meilleur salaire tout en s’amusant de nouveau. Ou tout du moins en essayant. Si Mads avait été son échappatoire face à la réalité de la maladie de sa mère, ce nouveau boulot devenait son échappatoire à Mads. Elle travaillait de nuit et lui de jour, ce qui réduisait leur rencontre. Mais surtout qui lui permet de passer plus de temps auprès de sa mère, renvoyant l’aide à domicile dont elle bénéficiait. Ce n’était pas facile tous les jours, mais elle en avait fait le choix. Et ce changement autant dans sa carrière que dans sa vie privée fut ce qui lui fit le plus grand bien. Peu à peu elle revivait bien qu’on ne puisse mettre ses démons de côté. Tout du moins jusqu’à ce qu’elle le vit lui.

Lui ? Le bel inconnu qui vivait en face de chez elle. L’immeuble voisin, même étage, balcon l’un en face de l’autre. Elle l’avait repéré dès son arrivée et en fut captivée. Alors qu’elle s’attelait à son rôle de femme de maison, comme aime le dire Mads, en faisant le ménage, et notamment les vitres, c’est là qu’elle le vit. Uniquement par l’intermédiaire de cette vitre ou encore de ce balcon. Balcon où elle se rendait souvent, que ce soit pour étendre le linge, nourrir le chat du quartier qui venait trouver refuge chez elle ou encore pour ses nombreuses pauses café clopes. Si bien qu’elle prit l’habitude de l’observer à des moments bien précis. Moments où elle savait qu’il était chez lui et où elle-même se trouvait seule. Elle ne savait pas trop pourquoi elle agissait ainsi, tout ce qu’elle savait c’était qu’elle en avait besoin. Elle ignorait tout de lui, il n’était qu’une personne vivant en face de chez elle et pourtant il l’attirait. Elle avait l’impression de se retrouver en lui. Il semblait aussi seul et perdu qu’elle. Blessé. Et il y avait ce besoin irrépressible de le rencontrer, de le connaitre, de le comprendre. Un besoin qui était loin d’être réciproque puisqu’à ses yeux, elle était la femme invisible. Puis elle comprit. Un soir où elle ne travaillait pas et où Mads était sortis avec ses potes - potes qui lui ressemblent aussi beaucoup et auxquels Esha n’aime pas se mêler – elle l’aperçut de nouveau. Rentrant avec une femme. Une femme sublime, de celle que l’on ne voit que la sur la première de couverture des magazines. Des cheveux parfaits. Une poitrine parfaite. Un corps parfait. Le rêve pour tout homme. Derrière son rideau, elle l’épiait et c’est alors qu’elle vit son propre reflet à travers la vitre. Une petite brune, un peu maigrichonne, qui était loin d’être vêtue de façon à plaire et qui n’avait que peu confiance en elle. L’exact opposé de cette femme chez lui. Ou plutôt de ces femmes qu’il ramenait. Alors, il ne pouvait la remarquer. Elle n’était rien. Rien aux yeux de son voisin si sexy. Rien aux yeux de Mads. Certes, elle ne cherchait pas à plaire ou à avoir une allure sexy, parce qu’elle ne voulait pas que Mads puisse ressentir du désir pour elle. C’était son camouflage.

Pourtant plus elle voyait ce brun en face de chez elle, plus tout se bousculait dans sa tête. Si elle se sentait proche de ce brun ténébreux, elle en était aussi tellement loin. Peu importe ce qu’il faisait de sa vie, il était libre. Libre de faire ce qu’il voulait, avec qui il voulait. Alors qu’elle, elle était prisonnière. Prisonnière de sa propre vie et l’esclave d’un homme qui avait une emprise sur elle. Ses rêves, c’était tout ce qui lui restait. Mads ne pouvait pas les lui enlever. Et depuis sa pseudo rencontre avec son inconnu, il hantait ses rêves. Elle s’imaginait être avec lui. Dans ses bras. Gouter à ses lèvres. Son corps contre le sien. Il l’envoutait complètement. C’était le mot. Son imagination et ses songes lui permettaient d’éprouver, même un court un instant, une sensation de liberté. Puis enfin, un jour, sans comprendre pourquoi ce jour ci ou ce qu’il y avait de différents des autres jours, il la vit. Sur son balcon également, ils échangèrent un long regard ainsi qu’un sourire de la part de la demoiselle. Un instant qui fut surement court, mais qui sembla durer long aux yeux de la brune. Il la rendait folle. Folle de cet inconnu. Folle de ne pas comprendre pourquoi elle le dévore autant du regard. Folle de voir autant de femmes passer dans son lit. Folle d’être piégée ici. Folle qu’il est mis si longtemps à la voir. Mais tellement heureusement que ce soit enfin le cas. Néanmoins, il ne fallait pas se voiler la face. Il est comme ce vin rouge millésimé qui nous fait tant envie mais qu’on ne peut s’offrir parce qu’on perdrait tout ce qu’on possède pour y gouter. Alors qu’elle, elle ressemble au rouge de la station-service en bas de chez soi. Fade, acre et qu’on ne prend même pas la peine d’acheter puisqu’il n’y a aucun plaisir à le déguster. A moins de vouloir se mettre minable pour pas cher. La métaphore était peut-être cru, mais c’est ainsi qu’elle se voyait.

Nonobstant, cette rencontre qu’elle recherchait finit par arriver. Une rencontre hasardeuse, mais tout de même. Sur le parking de l’immeuble, sa vieille voiture refusait de démarrer. Une énième panne. A présent elle ne les comptait plus, ça rythmait ses semaines. Seulement elle n’avait pas les moyens d’en acheter une autre ou de faire toutes les réparations. Mads s’occupait généralement de ça. Elle insista alors un peu, ma la chance n’était pas avec elle. Elle sortit alors de son tas de ferraille, puisque c’est plus proche de cette représentation que du terme voiture et soupira. Il ne lui restait plus qu’à marcher. Mais comme par magie son preux chevalier arriva à son secours. Ce voisin si mystérieux et envoutant. La chance était peut-être toujours de rigueur.  Pour la première fois elle put entendre le son de sa voix et entamer une discussion. Son nom ? Adama. Envoutant également, n’est-ce pas ? Il réussit à la faire sourire. Rire. Ce n’était pas une simple présentation, ils discutèrent vraiment. Peut-être de banalité, comme de sa panne ou le fait qu’ils étaient voisins. Mais suffisamment pour la jeune femme en soit sous le charme. Il réussit à faire démarrer sa voiture et chacun reprit son chemin. Une fois à l’intérieure et sur la route, elle se sentit bête. Il avait dû la prendre pour une niaise à lui sourire béatement. Pourtant à présent, il la voyait. De leur balcon des sourires s’échangèrent, ainsi que des signes de la main pour se saluer. Il l’aidait à porter ses courses. Ils se voient entre deux services au bar du jeune homme. Sortent boire des verres. Elle lui apporte à manger. Il lui arrive aussi de venir chez elle, mais dans ce cas, elle se montre très méticuleuse. Ne l’autorisant à ne rester que dans la cuisine ou le salon. Après ses départs, elle se voit obliger de nettoyer. Retaper les coussins du canapé. Passer l’aspirateur. Faire la vaisselle, s’ils ont bu un verre. Rien qui ne laisserait croire à Mads qu’elle ait reçu de la visite. Bien qu’il agisse comme un vrai salop avec elle, il n’avait jamais levé sur elle. Mais s’il venait à savoir que quelqu’un, qu’un homme était venu, elle craignait sa réaction. Pourtant elle ne faisait rien de mal avec Adam. Une timide amitié était née, mais c’est tout. Même si dans ses rêves, elle est complètement infidèle. Mais la réalité était là. Ils n’étaient que des amis et elle appartenait à Mads. Ce dernier ne passait pas une journée sans le lui rappeler.

Adama ne cherchait pas à la séduire, c’était tout autre chose. Il n’avait jamais ramené une même femme deux fois chez lui. Alors ce comportement qu’il avait envers elle, laissa croire à Esha qu’elle avait peut-être une importance à ses yeux. Qu’il l’appréciait ? Là était toute la question. Parce que visiblement elle recherchait plus. Elle tenait réellement à lui. Il l’avait captivée, séduite et troublée. Elle ne pouvait le nier. Elle ne pouvait effacer ce qu’elle ressentait. L’évidence était là, elle l’avait dans la peau. Elle en était tombée amoureuse. Eperdument. Cependant cet amour semble voué à l’échec tant le jeune homme met de barrière entre eux. En effet, dès qu’ils se retrouvent proches l’un de l’autre, le comportement de ce dernier change. Il installe une distance et une froideur qu’elle ne comprend pas. Elle a l’impression qu’il pourrait se passer quelque chose entre eux mais à chaque pas en avant, lui fait un pas en arrière. Un comportement qu’il la blesse compte tenu de l’immensité des émotions qu’elle ressent quand elle se trouve près de lui. Elle ne laisse cependant rien filtrer. Parce que le perdre était bien plus impensable. Maintenant qu’il était rentré dans sa vie, elle ne pouvait décemment pas le laisser s’en aller. Il ne s’en rendait pas compte, ignorant tout de sa situation actuelle, mais il était son oxygène. Sa bouée de secours. Alors elle acceptait cette amitié. Une amitié qui n’en était finalement pas une, au vu de l’ambiguïté qui plane à chacune de leur rencontre…

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